Historique

[ Style de tradition familiale ‘’Heki-ryu Bishu Chikurin-ha’’ de la famille des Kanjuro Shibata ]

[ Style Renmei de la Fédération japonaise de Kyudo (All Nippon Kyudo Federation)]



[ Style de tradition familiale ‘’Heki-ryu Bishu Chikurin-ha’’ de la famille des Kanjuro Shibata ]


Les origines du style Chikurin

Au Japon, durant la période féodale, l’arc était l’arme de prédilection de la classe guerrière, les Samouraïs. À cette époque, les différents styles de combat n’étaient pas codifiés. Vers le milieu du XVe siècle, un guerrier du nom de Heki Danjo Masatsugu (1443-1502), qui s’était illustré sur les champs de bataille de Kyoto, élabora une méthode qui révolutionna le tir à l’arc japonais. Il aurait transmis sa technique à la famille Yoshida. La Yoshida-ryu fut ensuite divisée et transmise à deux branches de successeurs. Les légendes aussi se transmettent et elles sont parfois contradictoires quant à la paternité des écoles et des styles.

Aussi, on retient également Heki Yazaemon Noritsugu (1394-1427) comme fondateur de la tradition Heki et du style Chikurin. L’école Heki Chikurin fut ensuite divisée en plusieurs branches de successeurs, dont celle de la lignée des Kanjuro Shibata, et ce, depuis le XVIe siècle.

Bishu est la région du Japon associée au style Heki-ryu Bishu Chikurin-ha, celui que nous pratiquons à Kyudo Québec.

À partir du XVIe siècle, avec l’introduction progressive des armes à feu, le maniement de l’arc comme arme de combat disparaît peu à peu. Et, sous l’influence de plus en plus grande du bouddhisme zen, le Kyujutsu (technique de l’arc) se transforme en Kyudo (voie de l’arc). Jadis arme de guerre, l’arc devient un outil de développement personnel, et le Dôjô un lieu de rencontre avec soi-même où la véritable cible est intérieure.

Après la deuxième guerre mondiale, la Fédération japonaise de Kyudo se donne pour objectif de normaliser les enseignements des différentes écoles de Kyudo. L’école Heki Bishu Chikurin-ha n’en fait cependant pas partie. Kanjuro Shibata XXe (1921-2013) refusait de soumettre ses étudiants à tout système de classification.

Chikurin en Occident

Aujourd’hui, le Kyudo est très populaire au Japon. Dans certaines écoles, on le pratique souvent comme un sport où atteindre la cible est très important. Sensei Shibata XXe ne partage pas ce point de vue; pour lui, le Kyudo est un moyen pour aider à polir l’esprit du Kyudoka, et c’est la dignité du tir qui importe le plus.

En 1980, Chögyam Trungpa Rinpoché (1939-1987) invita Kanjuro Shibata XXe aux États-Unis, pour enseigner le Kyudo à la communauté Shambhala. Ensemble, ils fondèrent Ryuko Kyudojo,à Boulder (Colorado), où Shibata-sensei établit sa résidence.
En quelques années, Shibata-sensei implanta 25 Dôjô de Kyudo aux États-Unis, au Canada et en Europe. Shibata-sensei donna à chaque nouveau Dôjô un nom de tigre: Seiko, Enko, Toko, Suiko, Kinko, Kanko, Koko, Reiko, Monko, etc. L’ensemble des Dôjô tigres était chapeauté par Ryuko Kyudojo (le dragon-tigre) qui, en 2005, est devenu Zenko International.

Du Kyudo à Montréal

Au début des années 90, quelques personnes de Montréal et sa banlieue aspiraient à pratiquer le Kyudo. En septembre 1991, Kanjuro Shibata XXe sensei dirigeait un stage intensif au Vermont, au Seiko Kyudojo de Karmê Chöling; c’est là qu’ils ont été initiés. En octobre de la même année, Guy Hince, Gilbert St-Laurent et deux autres personnes fondèrent Kyudo Québec, se donnant pour mission de promouvoir le Kyudo au Québec et d’en favoriser la pratique dans sa forme traditionnelle.
Lors de l’un des premiers stages qu’il dirigea à Montréal, Kanjuro Shibata XXe sensei nomma le Dôjô de Montréal ‘’Suiko’’ ou Tigre d’eau, inspiré par le fait que la Ville de Montréal est une Île.

Enseignement: Kanjuro Shibata

Kanjuro Shibata XXe, de son nom de naissance Yoshimune, est né le 29 décembre 1921 dans une famille de Samouraï de Kyoto, l’ancienne capitale du Japon. Il est la vingtième génération d’une lignée ininterrompue de Maîtres de Kyudo.
Munekazu Shibata, le premier à détenir le titre de Kanjuro Shibata, vivait au milieu du XVIe siècle sur l’île de Tanegashima, au large de Kyushu. Lui et ses ancêtres ont servi le clan Shimazu en tant que fabricants d’arcs, avec le titre de Yumishinan ou Maître archer.
Les Kanjuro Shibata ont reçu le titre plus honorifique de Onyumishi, ce qui signifie « fabricant d’arcs et archer » du Shogun, titre qui s’est transmis depuis, de génération en génération.
À l’âge de 8 ans Shibata-sensei commença l’apprentissage du Kyudo et de la fabrication des arcs avec son grand-père qui, en plus de porter le titre d’Onyumishi, était le fabricant d’arcs officiel de la famille impériale depuis la dix-huitième génération des Kanjuro Shibata et ce à la demande de l’empereur Meiji, en 1889.
En tant que fabricant officiel, Kanjuro Shibata était responsable de la fabrication du Goshinpo Yumi, arc sacré utilisé pour la purification et la consécration de l’autel d’Ise, le temple principal de la religion Shinto, qui ont lieu tous les vingt ans.
Kanjuro Shibata XXe est décédé le 21 octobre 2013, à Boulder au Colorado. Son gendre, Kanjuro Shibata XXIe, lui succède à la tête de l'école Heki Bishu Chikurin-ha et de Zenko International. Il est la vingt-et-unième génération d'archers et fabricants d'arcs traditionnels de la lignée des Shibata.

Don Symanski

Don Symanski a débuté la pratique du Kyudo en 1980 auprès de Kanjuro Shibata XXe sensei, selon le style de l'école Heki Bishu Chikurin-ha.
Il est l'un des tout premiers étudiants de Shibata-sensei et, depuis cette époque, il a dédié sa vie à l'étude, à la pratique et à l'enseignement du Kyudo. Au cours des années M. Symanski a dirigé de nombreux stages de Kyudo tant aux États-Unis qu'en Europe et au Canada. Il a également étudié à Kyoto pendant plus de deux ans l'art de la fabrication des arcs traditionnels japonais (Yumi) auprès du fils de Kanjuro Shibata XXe sensei, Kanjuro Shibata XXIe.

Les instructeurs de Kyudo Québec

Depuis 1991, plusieurs personnes ont occupé la fonction d’instructeur au Dôjô de Montréal, pour des périodes variables :

Guy Hince (co-fondateur de Kyudo Québec),
Marcel Charron (co-chef instructeur – 1994 à 2020)
Jean-Pierre Poggi (co-chef instructeur)
Carmen Frenette, Albert Simon, Arlette Nadon, Nicole Bouchard, Patrick Le Duc, Michèle Turcotte, Michel Régnier, Mike Otabe, Monique Lebire, Benoît Newberry, Mélanie-Joëlle Gorton, Marc Pape, Ghislain Duchesneau, Karim Aktouf, Ivy Yukiko Ishihara Oldford et Olivier Latanicki.


[ Style Renmei de la Fédération japonaise de Kyudo (All Nippon Kyudo Federation) ]


Histoire et développement du Kyudo

Le livre ‘’Kyudo – Essence et pratique du tir à l’arc japonais’’ de Hideharu Onuma et Dan et Jackie DeProspero est un livre référence de premier plan pour toute personne qui s’intéresse au Kyudo et/ou qui pratique et étudie cet art martial.
Son chapitre 2 traite de l’histoire et du développement du Kyudo de la période préhistorique (de 7000 ans avant J.-C à 330 après J.-C) à la période dite moderne (de 1912 à aujourd’hui).
Nous vous invitons à vous référer à cet ouvrage-guide afin d’accéder à de l’information détaillée sur ce sujet, ou encore au ‘’Sommaire’’ ci-après.

Par ailleurs, le site de la Fédération Internationale de Kyudo (IKYF) offre également de l’information sur l’histoire du Kyudo au Japon et sur l’esprit avec lequel cet art se pratique :

Sommaire

‘’Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, de plus en plus de gens ordinaires se mirent à faire du tir à l’arc et le tir de cérémonie devint prépondérant. D’après certaines sources, ce fut Morikawa Kozan, le fondateur de l’école Yamato (Ryu) moderne, qui, le premier, utilisa à cette époque le mot Kyudo. Il faudra encore deux cents ans environ pour que le concept fasse son chemin partout : la paix s’était installée et l’introduction d’armes à feu nouvelles et plus efficaces rendaient inévitable la mutation de l’entraînement au tir à l’arc tourné non plus vers le combat mais vers un développement mental et spirituel.

L’Ère Meiji (1868-1912) vit le Japon prendre le chemin d’une rapide modernisation. Tout à coup, tout ce qui était européen devint à la mode. Et naturellement, la culture traditionnelle en pâtit et le tir à l’arc japonais courut le danger de disparaître.

Mais au tournant du siècle, Honda Toshizane, professeur de Kyudo à l’Université Impériale de Tokyo, combina des éléments du tir de guerre avec ceux du style de cérémonie pour créer une méthode hybride qu’il enseigna à ses étudiants. Jusqu’alors, l’enseignement des deux styles était plus ou moins séparé. Les écoles traditionnelles, bien entendu, ne tolérèrent pas cette nouvelle méthode  mais leurs protestations, dans l’ensemble, ne furent pas entendues et Honda Toshizane continua à enseigner à ses élèves son style original. Au fur et à mesure que le temps passait, son enseignement s’étendit en dehors du système scolaire et ce qu’on a appelé plus tard le Honda Ryu trouva faveur auprès du grand public. On reconnaît aujourd’hui Honda Toshizane comme l’un des maîtres les plus influents de l’époque moderne. Certaines personnes disent qu’il n’a pas seulement été responsable de la nouvelle orientation du tir à l’arc japonais, mais que c’est à lui aussi qu’on doit sa survivance jusqu’au XXe siècle.

La période moderne

Une fois que le Kyudo ne fut plus sous le contrôle exclusif des familles traditionnelles de tir à l’arc, et que sa pratique se mit à rassembler un nombre croissant d’élèves, il devint nécessaire d’établir au niveau national quelques normes de tir. Au début de l’année 1930, le Dai Nippon Butoku Kai (Association des Valeurs Martiales du Grand Japon) invita les diverses écoles de tir à l’arc à participer à l’élaboration d’une réglementation. Cela provoqua d’énormes polémiques et il fallut de longues discussions avant de déboucher finalement sur un semblant d’accord en 1934. Et bien que les nouvelles normes fussent ignorées par les plus grandes écoles de tir à l’arc, le Kyudo connut un regain de popularité qui dura jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Après la guerre, la pratique du Kyudo et d’autres arts martiaux fut prohibée par les forces d’occupation. Mais en 1946, différents maîtres de Kyudo ainsi que d’autres personnes influentes pressèrent le Haut Quartier Général de leur accorder la permission de former une nouvelle organisation de Kyudo.

La première tentative n’obtint cependant pas l’approbation des autorités d’occupation et ce n’est qu’en 1949 qu’on autorisa définitivement la constitution de la Zen Nihon Kyudo Renmei (aussi connue sous le nom de la All Nippon Kyudo Federation ou Fédération japonaise de Kyudo). Durant l’été 1953, la Zen Nihon Kyudo Renmei publia le Kyudo Kyohon (le manuel de Kyudo) qui consigne les normes actuelles des formes, du comportement et du tir. Dès lors, le Sharei, le tir de cérémonie, ne cessa d’être affiné.’’

(Kyudo – Essence et pratique du tir à l’arc japonais de Hideharu Onuma et Dan et Jackie DeProspero)


Le style Renmei à Montréal

À l’automne de l’année 2020, Kyudo Québec (KQ) s’ouvre à la ‘’grande famille’’ du Kyudo et annonce l’ajout du style Renmei de la Fédération japonaise de Kyudo à celui du style de tradition familiale Heki-ryu Bishu Chikurin-ha de la famille des Kanjuro Shibata.

La décision d’ajouter la pratique du style Renmei à celle du style Heki-ryu Bishu Chikurin-ha est l’aboutissement d’un long processus de réflexion amorcé il y a plusieurs années, et motivé par notre volonté à favoriser une expérience du Kyudo qui soit non seulement stimulante et enrichissante sur le plan humain, mais qui offre également la possibilité à chacun de se développer dans toute la mesure de ses aspirations, et ce dans la perspective d’un avenir qui repose sur de solides assises.

OBJECTIFS

[ Élargir nos horizons ]

  • Établir de nouveaux contacts et échanger avec d’autres Dôjô dans le but d’enrichir notre pratique collective du Kyudo

  • S’ouvrir à un vaste ‘’réseau’’ de Dôjô et de pratiquants de Kyudo

[ Enrichir et approfondir notre compréhension de la pratique du Kyudo ]

  • Enrichir et approfondir notre compréhension de la pratique du Kyudo en nous exposant à la pratique du style Renmei en plus de celle de Heki-ryu Bishu Chikurin-ha

  • Accéder à du matériel didactique additionnel à celui dont nous disposons dans le cadre de la pratique du style Heki-ryu Bishu Chikurin-ha, comme par exemple le Manuel de Kyudo Vol. 1 – All Nipon Kyudo Federation (ANKF), dont l’enseignement, pour une bonne part, s’applique à tous les styles de Kyudo

  • Accéder à un vaste réseau de Dôjô affiliés à l’ANKF/IKYF où il est possible de pratiquer et recevoir de l’instruction aux quatre coins du monde

[ Consolider nos acquis ]

  • Poursuivre et approfondir la pratique du style Heki-ryu Bishu Chikurin-ha

  • Découvrir le style Renmei et ainsi enrichir notre pratique du Kyudo par la pratique des deux styles

[ Assurer la pérennité du Dôjô et celle de la pratique du Kyudo à Montréal]

  • Responsabilité : KQ a la responsabilité de voir à l’avenir de notre Dôjô et le devoir de prendre les décisions qui sont dans le meilleur intérêt du Dôjô et de ses membres tant pour le présent que pour le futur

  •  Préoccupation : La pérennité du Dôjô et celle de la pratique du Kyudo à Montréal sont des enjeux importants qui préoccupent KQ depuis de nombreuses années

  • Avenir : Le Kyudo est un ‘’petit monde’’ en soi et la survie et l’avenir de KQ semblent devoir passer par notre capacité à nous ouvrir et à être inclusif plutôt qu’exclusif


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